Jusqu'à Francesco

L’étape du jour s’est révélée courte puisque nous avions moins de quinze kilomètres pour arriver à Assise. Nous sommes malgré tout partis tôt pour profiter de visiter la ville et ses nombreuses églises.

Après avoir quitté Valfabbrica, nous avons suivi un petit chemin dans la forêt qui montait le long d’un ruisseau. Au sommet de la colline, nous avons quitté les bois pour des champs de blé et des oliveraies. Un petit banc ombragé à côté d’une fontaine nous a offert une jolie aire de pause. Peu après, un couple d’Italiens octogénaires est arrivé et nous avons eu la décence de partager notre banquette, ne pouvant pas les laisser s’asseoir par terre comme ils étaient prêts à le faire. Nous avons discuté un peu, puis des Hollandais ont atteint le sommet et nous leur avons cédé nos places. Cette montée semblait tous les avoir achevés alors qu’elle nous avait paru relativement aisée et ils avaient ainsi bien plus besoin de récupérer que nous.

Nous avons poursuivi sur des routes blanches, nous écartant pour laisser passer quelques tracteurs. Peu à peu, nous avons aperçu la forteresse d’Assise, puis la basilique et quelques habitations qui se dessinaient contre le ciel bleu.

Le guide nous prévenait que les ultimes kilomètres avant Assise représentaient peut-être la plus rude difficulté de tout le voyage, avec une montée aussi vertigineuse qu’interminable. Nous étions un peu curieux puisque le profil de l’étape ne semblait pas particulièrement effrayant et avons ensuite été très déçus. Premièrement, nous avons trouvé un raccourci évident sur un chemin de randonnée qui coupait à travers un bosquet plutôt que suivre les lacets de la route. Puis nous avons rejoint ladite route et l’avons parcourue jusqu’à l’entrée d’Assise. La pente était douce, le goudron récent et régulier et la route bien ombragée, ce qui fait que nous pouvons sans hésitation qualifier ce dernier kilomètre d’agréable. Sans doute l’auteur du guide a-t-il fait une crise d’hypoglycémie peu avant la montée pour la trouver aussi éprouvante…

La seule à avoir rencontré des difficultés à ce moment, c’est la pauvre Logan qui a commencé à boiter dans ces deux derniers kilomètres. Nous n’avons pas constaté de blessure particulière mais elle posait mal sa patte avant. Nous avons alors préféré nous rendre directement à l’hôtel pour qu’elle s’y repose et sortir plus tard sans elle pour visiter.

Assise

Comme ses voisines, Assise est une ville médiévale tout à fait splendide et spectaculaire. Ses façades en pierres blanches et roses lui confèrent un aspect noble et majestueux, et ses églises romanes et gothiques sont d’une beauté absolue. Des ruelles tortueuses et très escarpées débouchent sur des artères plus larges où grouillent les touristes. Des boutiques kitsch leur vendent des crucifix et des statuettes à des prix astronomiques et un tel chiffre d’affaire est réalisé sur le dos de Saint François qu’il en aurait la larme à l’oeil. Les magasins d’habits de prêtres, de calices et ciboires ainsi que de sandales en cuir avaient beaucoup de succès auprès des frères, nonnes et curés de tous les coins du monde.

Alors que Gubbio nous avait déjà paru trop touristique, nous avons été quelque peu horrifiés par l’absence d’authenticité d’Assise. Certes, nous sommes arrivés là un resplendissant samedi de juin alors qu’à Gubbio la pluie tombait dru. Et forcément nous faisions partie de cette triste masse, mais après deux semaines dans la nature parsemées de belles rencontres, nous étions un peu rebutés par cette fourmilière. De plus, l’esprit de pèlerinage est complètement absent dans cette ville où touristes et marcheurs se confondent indistinctement. Aucune structure n’offre l’hospitalité ou le couvert aux pèlerins alors qu’il s’agit de la fin du voyage de la plupart d’entre eux.

Nous avons déambulé dans les rues et visité plusieurs églises avant d’arriver à la basilique de San Francesco. Là, nous avons aperçu le bureau des pèlerins qui délivre les Testimonium, ces documents attestant de l’accomplissement du pèlerinage. Nous avions complètement oublié ce détail puisque nous n’avons pas prévu de conclure notre voyage à Assise, mais comme nous passions devant et que nous avions nos crédentiales en poche, nous avons été réclamer notre diplôme. A cause d’un problème d’impression, le Testimonium n’était pas disponible et nous sera envoyé par poste, ce qui nous arrange plutôt que le trimballer dans les sacs-à-dos. Par contre, nous avons reçu celui de Logan avec le loup de Gubbio, spécialement conçu pour les compagnons à quatre pattes !

Nous avons ensuite enfin visité la basilique, qui est en réalité composée de deux églises superposées. Une imposante crypte accueille le tombeau de Saint François et ses plus proches disciples. Les fresques des deux églises datent presque toutes de la fin du 13e siècle et les plus emblématiques ont été réalisées par Giotto et Cimabue. Leurs tons doux rehaussés de bleus profonds et d’or ainsi que les innombrables motifs décoratifs ornant chaque voûte confèrent à l’ensemble une harmonie époustouflante. Quelle beauté et quelle finesse ! Le seul aspect que nous avons trouvé dommage est l’absence d’informations quant aux différents tableaux représentés. Il est possible de faire la visite avec un audio-guide mais nous aurions apprécié des précisions sous les fresques ou dans un prospectus. Avec la quantité d’oeuvres et de détails dont regorgent ces deux églises, impossible de savoir où donner de la tête sans être un expert.

Logan

Le soir, nous avons ressorti Logan quelques minutes et elle boitait vraiment bas. Il semble que c’est son petit orteil qui la fait souffrir, bien que nous ignorions si nous devons appeler ça un orteil, un doigt ou une proémincence digitale. Nous avons prolongé notre séjour à Assise d’une nuit pour voir comment évoluera la situation.